La Cour internationale de Justice (CIJ), principal
organe judiciaire de l’Onu, a déclaré vendredi que la ligne de séparation construite par Israël en Cisjordanie est illégale et a réclamé le démantèlement de cet ouvrage.
"La construction par Israël, puissance occupante, du mur en territoire palestinien occupé, notamment dans et autour de Jérusalem-est, est contraire à la loi internationale", indique ce texte.
La Cour a estimé que les exigences de sécurité mises en avant par Israël ne justifiaient pas la construction de ce "mur" destiné, selon le gouvernement israélien, à empêcher les infiltrations de kamikazes palestiniens.
Avant même la fin de la lecture du texte au siège de la CIJ à La Haye, le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat a salué l’avis rendu par la Cour, le qualifiant de "victoire" pour les Palestiniens.
"Nous saluons la décision condamnant le mur raciste. Cette décision constitue une victoire pour notre peuple, tous les peuples libres et tous les mouvements de libération dans le monde", a déclaré Yasser Arafat à Ramallah, en Cisjordanie.
Le gouvernement israélien a estimé de son côté que la Cour avait "totalement ignoré le terrorisme palestinien, cause de la construction de la barrière" : "S’il n’y avait pas eu de terrorisme, il n’y aurait pas eu de barrière", a déclaré le gouvernement, qui ne reconnaît pas la compétence de la Cour sur cette question.
Les points de l’avis concernant l’illégalité et la nécessité de son démantèlement, considérés comme cruciaux, ont été adoptés à la quasi-unanimité des juges de la Cour, à quatorze voix contre une, seul
le représentant américain ayant voté contre.
La CIJ réclame le démantèlement des quelque 200 km de l’ouvrage construits en Cisjordanie : "Israël a l’obligation de cesser immédiatement les travaux de construction du mur qui sont en cours dans le territoire palestinien occupé, notamment dans et autour de Jérusalem-est, et de démanteler immédiatement ce qui a déjà été construit".
La Cour réclame également que les Palestiniens qui ont subi des dommages du fait de la construction de l’ouvrage soient indemnisés. Elle note que la construction du "mur" crée sur le terrain "un fait accompli qui pourrait fort bien devenir permanent, auquel cas, et nonobstant la description officielle qu’Israël donne du mur, la construction de
celui-ci équivaudrait à une annexion de facto".
Dans leur dernière conclusion, les juges en appellent à l’Assemblée Générale et au Conseil de Sécurité de l’Onu de "la situation illégale" ainsi créée.
Le gouvernement israélien avait par avance rejeté la décision de la Cour, dont il s’attendait à ce qu’elle soit négative mais peut-être pas qu’elle soit formulée dans des termes aussi tranchés.
"C’est le scénario le pire pour Israël mais du point de vue du droit international, c’est une décision juste", estime Olivier Ribbelink, expert juridique de l’Institut TMC Asser (La Haye).
La CIJ avait été saisie en décembre par l’Assemblée générale de l’Onu des "conséquences juridiques" de l’édification du "mur".
Les Etats-Unis et les pays de l’Union européenne, qui n’avaient pas pris part aux audiences publiques de la CIJ sur cette affaire en février dernier, jugent que la saisine de la Cour est inopportune et qu’elle pourrait remettre en cause une éventuelle reprise des négociations de paix.
Commencée en juin 2002, la construction de la ligne de séparation —prévue sur 730 km— devrait coûter au total 3,4 milliards de dollars et s’achever avant fin 2005.